« Le Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets (PRPGD) est une chance historique pour la Touraine »
Communiqué de presse – jeudi 4 avril 2019
LA RICHE, le 04/04/2019
Non, la Touraine n’est pas « dans une impasse absolue » sur la question des déchets…
- Ce qui est dans l’impasse, c’est la vision technophile et rétrograde de quelques élus tourangeaux qui s’entêtent à vouloir traiter la question des déchets comme au siècle dernier : par le haut, sans concertation et sans aucun intérêt pour le long terme.
- Depuis 130 ans en Indre-et-Loire, la priorité a en effet été donnée à la destruction et à la valorisation des déchets plutôt qu’à leur réduction à la source, par le biais d’infrastructures coûteuses dont la durée d’exploitation a rarement dépassé la période d’amortissement : incinérateurs de Tours et de Saint-Benoît La Forêt, usine zymothermique de La Riche, usine de broyage-compostage de Joué-les-Tours, d’Amboise, de Benais, décharges contrôlées de Langeais, Pernay, La Celle-Guénand, centres d’enfouissement de Sonzay et de Chanceaux-près-Loches…
- Résultat, notre département a un besoin perpétuel, artificiellement créé, de nouvelles installations de traitement, dont les charges d’investissement et de fonctionnement pèsent de plus en plus lourd sur les budgets des collectivités et celui des ménages.
- Ce gâchis doit cesser! La régionalisation de la stratégie de prévention et de gestion des déchets solutionnera en partie ce problème en exploitant les surcapacités régionales actuelles de stockage et d’incinération, tout en donnant à la prévention des déchets une place prioritaire.
- Chacun comprendra que, dans une région en surcapacité de traitement, il ne soit pas pertinent de construire de nouvelles infrastructures ou d’agrandir les infrastructures déjà existantes.
- Chacun comprendra aussi que la seule solution pérenne envisageable est une réduction drastique de notre production individuelle et collective de déchets.
- Les objectifs définis dans le PRPGD sont parfaitement atteignables, à condition de changer nos pratiques. Ce plan est une chance historique pour la Touraine.
- Il est irresponsable d’effrayer l’opinion publique par un discours alarmiste afin de retarder la mise en place de la transition énergétique et écologique au seul bénéfice de quelques intérêts industriels privés.
- Les décideurs climato-sceptiques, qui ont pratiqué la politique de « la chaise vide » pendant l’élaboration du PRPGD, devront répondre de leur passivité devant les électeurs. Qui s’oppose par principe et non sur la base d’éléments rationnels, à la mise en œuvre de politiques en faveur de la préservation du climat, telles que celles prévues dans ce projet de PRPGD, s’oppose en effet directement à l’intérêt général.
Des solutions éprouvées existent pour sortir de l’impasse dans laquelle certains tentent de nous mener
- Les contribuables tourangeaux ne veulent plus être des vaches à lait : une part de plus en plus importante de la population est désormais favorable à la mise en place d’une tarification incitative. Ce régime fiscal permettra enfin à chacun de payer sa taxe ou sa redevance proportionnellement à la quantité de déchets qu’il produira. L’échec des politiques précédentes en matière de gestion des déchets se mesure notamment à l’augmentation constante de la TEOM et de la REOM (Taxe ou Redevance d’enlèvement des ordures ménagères) à l’échelle nationale (respectivement +386% et +500% d’augmentation depuis 25 ans, selon l’ADEME [1]).
- Les entreprises aussi doivent réduire leurs déchets ! L’association Zéro Déchet Touraine accompagne depuis 2018 les entreprises volontaires dans la réalisation d’audits en prévention des déchets d’activités économiques, qui permettent d’accroître leurs marges économiques et leurs performances. Nous appelons les collectivités à généraliser le recours à ce type d’audits ainsi qu’à la redevance spéciale, un outil de tarification incitative spécialement conçue pour les professionnels. Il est en particulier urgent d’agir dans les secteurs du BTP, de l’hôtellerie-restauration, des activités de bureau, etc.
- D’ici 2025, chaque citoyen devra avoir à sa disposition une solution lui permettant de ne pas jeter ses biodéchets dans les ordures ménagères résiduelles (art. L541-1 du code de l’environnement). Qu’elle plaise ou non à certains élus, cette obligation légale permettra le développement du compostage de proximité et de la collecte de biodéchets auprès des gros producteurs et en habitat urbain dense. Elle rend non pertinente la construction de gadgets à plusieurs dizaines de millions d’euros que sont les centres de tri mécano-biologique (TMB), fausses solutions dont l’inanité technique et économique est désormais établie.
- Les moyens alloués à la prévention des déchets doivent être nettement renforcés. Afin de toucher un large public, le budget consacré aux actions de prévention doit être substantiellement revu à la hausse. Chaque euro investi dans l’éducation, la sensibilisation, la lutte contre les déchets sauvages, le développement de services alternatifs (consigne, couches lavables, éco-conception, ressourceries, boîtes à don, foires aux réparateurs…) permet d’économiser plusieurs euros en traitement des déchets tout en créant des emplois non délocalisables.
- De nombreuses collectivités à travers le monde ont lancé des politiques zéro déchet zéro gaspillage. San Francisco, Roubaix, Rennes, Capannori, Besançon… la liste des collectivités et communes qui ont entamé leur transition écologique s’allonge de jour en jour.
- Nous pouvons nous inspirer de leurs trajectoires et de leurs retours d’expérience pour développer en toute confiance un modèle alternatif et désirable en matière de prévention et de gestion des déchets.
[1] ADEME, Chiffres-Clés Déchets, édition 2015