« La prévention, c’est accessoire ! »: rencontre avec le Président du SMICTOM du Chinonais
Mise à la une – mardi 23 octobre 2018
Ce rendez-vous, à notre initiative, avait pour objectif principal de demander au SMICTOM (Syndicat Mixte de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères) du Chinonais un grand composteur et un bac à broyat. Tant qu’on y était, nous avons essayé de savoir pourquoi le SMICTOM du Chinonais avait un bilan aussi médiocre en matière de réduction des déchets. Bonne nouvelle, on a obtenu une réponse sur au moins un de ces deux sujets.
Les éléments entre crochets [ ] sont des rajouts permettant d’éclaircir certains propos.
ZDT : Zéro Déchet Touraine, représentée par Sébastien Moreau ; PM : Philippe Massard.
ZDT : Notre demande porte sur la fourniture d’un grand composteur collectif et d’un bac à broyat pour équiper le composcope de Nouâtre, espace que nous avons créé, en partenariat avec l’association Les Jardins de Nouâtre, la commune de Nouâtre et l'Institut de Recherche sur la Biologie de l'Insecte, afin d’y faire de la formation, de la recherche et de l’animation sur le thème du compostage. Nous vous avons contacté en mars et depuis 7 mois nous attendons votre réponse…
PM : Il faut agir dans le cadre de la convention qui lie le SMICTOM du Chinonais au CPIE [Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement, prestataire du SMICTOM pour le compostage partagé]. Rien ne peut se faire en dehors de ce cadre. Le CPIE devra venir à Nouâtre pour créer un site de compostage collectif et …
ZDT : Non, désolé. Le site existe déjà, c'est nous qui l’avons créé et nous qui l’animons. Nous sommes autonomes en matière de compostage, de formation et de maintenance, nous disposons de Maître-composteur, de guide-composteurs, de référents de site. Nous ne demandons qu’un mécénat technique pour la fourniture du matériel. Evidemment le CPIE sera bienvenu s’il souhaite utiliser cet outil pour des formations, des animations et autres. Il serait préférable de faire appel à ses compétences pour créer et accompagner d'autres sites, ailleurs. Le composcope est un lieu ouvert à tous.
PM : Qu’est-ce que j’y gagne ? Parce que là, vous me demandez deux composteurs, mais je n’y gagne rien.
ZDT : Vous n’y gagnez pas rien : vous y gagnez votre logo à l’entrée du site, une mention positive dans notre newsletter, la possibilité de parler de cette opération dans votre journal institutionnel… Vous améliorez votre bilan de fin d’année avec une action concrète en matière de prévention sur le territoire de Nouâtre.
PM : Ca ne peut pas se faire comme ça. On a déjà dit non à des collectivités ou des structures privées qui nous sollicitaient. Elles ne comprendraient pas pourquoi pour vous, c’est oui, et pour les autres c’est non…
ZDT : Tout ce que nous demandons, c’est un peu de mécénat technique, rien de plus. Au pire, vous pouvez nous donner 2 petits composteurs individuels à 25 euros chacun...
PM : Nous allons réfléchir à votre demande et nous vous tiendrons informés.
ZDT : Nous avons une animation prévue dans un mois, le 17 novembre. Serait-il possible de les avoir à ce moment-là ?
PM : Probablement pas. Il faut présenter la demande au bureau, qui ne se réunira pas avant le mois de décembre…
ZDT : Bon, ce point étant réglé, je vous propose de passer à autre chose, il nous reste quinze minutes avant votre prochain rendez-vous.
Dans l’interview que vous avez accordée au journal du SMICTOM lors de votre prise de fonctions à l’automne 2014, vous indiquiez qu’il vous semblait essentiel de rester « les garants de la sauvegarde de la planète ». Toujours dans cette interview, vous disiez que votre responsabilité était d’accompagner le « nécessaire développement économique en respectant la législation sur l’écologie (…), tout en essayant de faire toujours mieux à moindre coût ». Pensez-vous y être parvenu ? Avez-vous le sentiment d’avoir toujours œuvré en ce sens depuis 4 ans ?
PM : … !
ZDT : Parce que, selon votre rapport d’activité 2017, la production d’ordures ménagères par an et par habitant n’a diminué que de 16,9% en 18 ans, soit une baisse moyenne de seulement 0,9% par an. Or la loi fixait pourtant un objectif minimal de -1%/an de déchets ménagers et assimilés (DMA) [entre 2010 et 2020]. Pourquoi le SMICTOM n’est-il pas capable d’atteindre l’objectif minimum fixé par la Loi ?
PM : Et bien je ne sais pas, peut-être que vous allez nous le dire…
ZDT : Pas d’idée, vraiment ?
PM : Et bien c’est les ménages, on est en zone rurale…
ZDT : Nous, on pense qu’il n’y a pas que ça. Nous pensons que vous n’accordez pas assez de moyens à la prévention des déchets : en 2017, la sensibilisation et la communication ne représentait qu’1% du budget du SMICTOM du Chinonais.
PM : La prévention, c’est accessoire. Ce n’est pas notre métier.
ZDT : C’est faux. La prévention, c’est désormais aussi votre métier.
PM : Non. Notre priorité c’est collecter et traiter des déchets.
ZDT : Plus maintenant. La Loi donne désormais dans l’ordre la priorité à la prévention et à la réduction de la production et de la nocivité des déchets, puis au traitement par préparation en vue de réutilisation, au recyclage, aux différentes formes de valorisation matière ou énergétique et enfin à l’élimination [article L541-1 du code de l’environnement].
PM : La Loi ? Quelle loi ?
ZDT : La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Qu’attendez-vous pour passer le budget prévention du SMICTOM à 3% du budget déchets, contre 1% aujourd’hui ?
PM : S’il faut passer à 3%, il faudra trouver les 2% ailleurs... Notre priorité, c’est la collecte et le traitement.
ZDT : Plus maintenant, M. Massard. Vous rendez-vous compte qu’avec une réduction des ordures ménagères de seulement -0,9%/an/habitant, il faudra attendre 72 ans pour réduire de moitié la production annuelle d’OMR par habitant sur le territoire du SMICTOM?
Compte-tenu de l’accroissement démographique [+0.4%/an], il faudra attendre 110 ans pour réduire de moitié les tonnages qui sont actuellement incinérés. Pourquoi la réduction des déchets à la source n’est-elle pas votre priorité ?
PM : Qui êtes-vous pour nous juger ?
ZDT : Un responsable d’une association de citoyens et aussi un citoyen qui habite un territoire collecté par le SMICTOM. Il y a 4 ans, vous lanciez le compostage collectif en étant certain que ce serait « une grande réussite ». Aujourd’hui il n’y a qu’une vingtaine de sites accompagnés par le CPIE pour 75 communes et 75 000 habitants. J’ai fait le calcul : ça représente ¼ de composteur collectif pour 1000 habitants. Comme expliquez-vous cette situation ?
[Une collaboratrice de PM] : On communique beaucoup, mais ce n’est pas facile, on n’est que sept…
ZDT : Comment expliquez-vous alors qu’une association comme la nôtre, qui ne fonctionne qu’avec des bénévoles et qui n’a aucun salarié à temps plein, a créé en un an une vingtaine de sites de compostage collectif, jusqu’au blésois ? Autant que vous en 4 ans alors que vous êtes 7 salariés ?? Ne croyez-vous pas qu’il serait temps de passer à la vitesse supérieure et d’accorder des composteurs à qui vous en demande, sans devoir attendre 7 mois ?
[Une collaboratrice de PM] : C’est ce qu’on fait, on a beaucoup communiqué. On a délégué au CPIE parce qu’on n’a pas les ressources humaines pour le compostage par exemple… Il y a des gens qui veulent composter mais en habitat vertical, c’est compliqué.
ZDT : Il n’y a pas que le compostage collectif en bas d’immeuble à développer. Il y a aussi le compostage en établissements.
[Une autre collaboratrice de PM] : oui mais ce n’est pas notre compétence : Les écoles, c’est les communes, les collèges, c’est le conseil départemental…
ZDT : Le SMICTOM peut néanmoins agir comme un facilitateur et mettre à disposition le matériel. Sur le territoire métropolitain par exemple, Tours Métropole Val de Loire accompagne les communes et va permettre l’implantation de composteurs collectifs sur les espaces publics [la métropole distribue aussi gratuitement des composteurs individuels et partagés sur demande]. Ici, quand on est un simple citoyen et qu’on veut un composteur sur un espace public, on va voir la commune qui nous dit qu’elle n’a pas la compétence déchets. Elle nous dit d’aller voir la communauté de communes qui nous dit qu’elle n’a plus la compétence déchets. Celle-ci nous renvoie vers le SMICTOM… qui nous dit que la prévention des déchets ce n’est pas son métier. Question : qui faut-il aller voir ? On aimerait savoir à la fin !
PM :…
ZDT : Ce qui est sûr c’est que nous ne voulons pas attendre 110 ans pour diviser nos ordures par deux. Le SMICTOM pourrait au moins viser une réduction de -2%/an. Ca nous permettrait de réduire de moitié nos déchets d’ici à 2061, au lieu d’attendre 2130. Même Tours Métropole Val de Loire fait mieux avec une réduction de -1,3%/an … Vous n’avez rien à proposer en matière de tarification incitative, rien en matière de collecte des biodéchets…
PM : J’en ai assez entendu ! Au revoir Monsieur !
ZDT : Vous devez entendre ce retour, même si il ne vous plaît pas.
PM : Ce n’est pas la bonne méthode, votre ton est agressif, vous êtes un extrémiste...
ZDT : Ni extrémiste, ni radical ! Ce ton est adapté à l’urgence de la situation climatique, l’urgence de l’érosion de la biodiversité, l’urgence de la pollution des eaux, des sols et de l’air. Je vous dis seulement ce que vous ne souhaitez pas entendre : le bilan de la prévention des déchets du SMICTOM n’est pas bon. Ce n’est pas la dernière fois que nous nous rencontrerons. Nous avons des solutions à vous proposer.
PM : De l’utopie ! De l’extrémisme ! Ca ne peut pas fonctionner !
ZDT : Comment pouvez-vous en juger puisque je ne vous ai pas présenté ces solutions ? Alors, allez-y, détaillez ? Qu'est-ce qui est utopique? C’est utopique d’apprendre aux ménages à produire moins de déchets ? C’est utopique de réaliser des audits en entreprises afin qu'elles en produisent moins ?
PM : Vous, vous allez, par-ci, par-là, en racontant des choses…
[Une collaboratrice de PM] : J’entends cette urgence. Vous aimeriez que ça aille plus vite. On ne peut pas tout changer du jour au lendemain.
ZDT : Le jour où rien ne change, je vois bien, ça fait des années qu'il dure. Mais le lendemain où ça change, c'est pour quand?
[Une collaboratrice de PM] : On manque de moyens humains mais on a beaucoup communiqué…
ZDT : Savez-vous que le cabinet Merlin[1] est concepteur d’incinérateurs ? L’étude qu’il a menée à la demande du SMICTOM et qui conclut qu’il serait plus pertinent de continuer à utiliser l’incinérateur de Saint Benoit La Forêt, voire de l’agrandir, est donc entachée d’un magnifique conflit d’intérêt. Qu’en dites-vous ? N’est-il pas temps d’en finir avec cet incinérateur et de débuter la transition énergétique ? Pensez à vos enfants, aux miens et à ceux des autres.
[Une collaboratrice de PM] : …
PM : Partons, nous perdons notre temps.
Le bilan du SMICTOM du chinonais en matière de prévention des déchets n’est donc pas satisfaisant : trop faible développement du compostage partagé, absence de tri à la source des biodéchets en habitat urbain dense ou de projet de tarification incitative, budget prévention trop réduit, manque de politique publique amitieuse…
En partant, nous avons remis, à l’attention du Président Massard, l’article d’Antonin Pottier intitulé « Le discours climato-sceptique : une rhétorique réactionnaire » paru dans la revue Natures Sciences Sociétés, 21 :105-108 (2013).
Voici ci-dessous les autres questions que nous avions prévu de poser à M. Massard. Nous espérons qu’un jour il pourra y répondre. Vous pouvez bien entendu lui poser ces questions vous-même à l’occasion et nous envoyer ses réponses!
1. Sur le bilan de 4 ans de présidence du SMICTOM du Chinonais
ZDT : Selon l’ADEME [Etude technico-économique de la collecte séparée des biodéchets, novembre 2017], « Le bilan exhaustif des retours d’expériences des collectivités ayant mis en place une collecte séparée des biodéchets permet d’en dresser un bilan positif. La collecte séparée des biodéchets est un système qui a fait ses preuves ». C’est déjà en place à Libourne, Montpellier, Lorient, Lille. Paris teste la solution actuellement. Qu’en pensez-vous ?
PM :
ZDT : Le montant de la redevance n’a pas diminué entre 2014 et 2017, tandis que la production d’OMR/an/habitant a (modestement) diminué de 1,3% sur la même période. Trouvez-vous que cela soit incitatif ?
PM :
ZDT : Que pensent les habitants de votre politique en matière de déchets ? Croyez-vous qu’ils soient satisfaits ? Avez-vous interrogé les habitants pour savoir s’ils souhaiteraient payer leur redevance en fonction des quantités de déchets réellement produites ?
PM :
2. Sur le Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets (PRPDG)
ZDT : Le PRPGD est la déclinaison locale des objectifs inscrits dans la Loi du 17 août 2015. Près d’un an et demi de concertation ont abouti à un projet qui a reçu un avis défavorable du SMICTOM. Pourquoi ?
PM :
ZDT : Pourquoi avoir prétendu que le délai accordé était trop court? 1 an et demi, ça ne suffit pas pour étudier des dossiers et prendre des décisions en politique ?
PM :
ZDT : En quoi dépasser les objectifs inscrits dans la loi, qui sont déjà des objectifs à minima acceptés par le parlement (dont les représentants des collectivités locales que sont les sénateurs), « découragerait les collectivités », comme indiqué dans l’avis du SMICTOM sur le PRPGD qui vient d’être rendu public[2] ? C’est décourageant d’être ambitieux ou ça bouscule simplement vos habitudes ?
PM :
ZDT : Vous évoquez des objectifs « utopiques » fixés par le PRPGD. Lesquels ? Ne pensez-vous pas que ce qui est utopique, c’est d’espérer continuer votre fonctionnement habituel en pleine crise écologique ? De convaincre que vous agissez pour « la sauvegarde de la planète » alors que vous nous proposez d’attendre 110 ans pour réduire de moitié nos déchets et que vous souhaitez prolonger un mode de traitement coûteux et polluant ?
PM :
ZDT : Il apparaît à la lecture de l’avis rendu par le SMICTOM que l’impossibilité d’agrandir l’incinérateur soit la seule vraie raison qui vous ait motivé à vous opposer au PRPGD. Trouvez-vous responsable de refuser un plan volontariste en matière de prévention des déchets au nom de la préservation d’un mode de traitement dépassé, alors que la Loi donne désormais la priorité à la prévention ?
PM :
ZDT : Voici notre position sur ce point. « Le PRPGD représente une véritable opportunité de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au secteur des déchets et de réduire durablement les tonnages de déchets produits par les populations, entreprises, collectivités et organisations de la région Centre Val de Loire. Le SMICTOM n’a aucune raison valable de s’y opposer si ce n’est la volonté de prolonger un mode de fonctionnement et de traitement des déchets dépassés. S’agissant d’une politique climatique qui décline à l’échelle locale la Loi relative à la transition énergétique et pour la croissance verte, les élus qui s’y opposent rentrent dans ce qu’Antonin Pottier[3] qualifie de climato-scepticisme, phénomène d’opposition aux politiques climatiques, dont le discours s’apparente au mieux à une posture conservatrice, au pire aux rhétoriques réactionnaires ».
3. Sur l’incinération des déchets
ZDT : Le projet de PRPGD interdit l’extension des capacités des incinérateurs existants, l’extension géographique des sites actuels ainsi que la reconstruction d’installations si les installations existantes venaient à fermer. Votre projet d’extension de l’incinérateur de Saint Benoit La Forêt doit donc être abandonné. Qu’avez-vous prévu pour la suite ?
PM :
ZDT : En 2012, le Conseil départemental, l’ASPIE et le collectif Chinonais Environnement avaient mis en garde le SMICTOM du Chinonais contre l’idée de vouloir prolonger l’exploitation de l’incinérateur de Saint Benoit La Forêt. Pourquoi avoir fait vôtre le combat de Jean-Pierre Devergne alors qu’on savait que cette solution technique allait conduire à une impasse technique, financière et écologique ?
PM :
ZDT : Que faire des mâchefers produits par l’incinérateur ? En voudriez-vous pour stabiliser l’allée qui mène à votre domicile ?
PM :
ZDT : Le collectif Chinonais Environnement a attiré votre attention sur le fait que le cabinet Merlin, à qui le SMICTOM a confié une étude de faisabilité sur le devenir de l’incinérateur, est concepteur d’incinérateurs. Il a également relevé que les hypothèses sur lesquelles se fondent cette étude, ne prévoient pas de diminution significative après 2025, alors qu’on sait que les volumes vont baisser à l’avenir. Dans votre réponse à cette interpellation, vous vous êtes contenté de nier cette réalité. Pourquoi ?
PM :
ZDT : Suite au déversement des eaux usées du Centre hospitalier de Chinon, l’ASPIE a fait analyser de l'eau distribuée en juillet 2017. Cette association a trouvé des teneurs non négligeables de dioxines et des furanes, molécules qui ne sont pas solubles dans l'eau. Toujours selon l’ASPIE, « le centre hospitalier et l'incinérateur sont mitoyens, le sol est particulièrement poreux et le tubage des captages n'est plus intègre ». Qu’avez-vous préconisé/modifié par rapport à cela depuis que vous en avez été informé ?
PM :
ZDT : Dans votre avis sur le PRPGD, le SMICTOM déclare vouloir rester libre de ses choix. Le démantèlement de l’incinérateur est évalué à 1,5 millions d’euros avec l’opportunité de commencer à développer en parallèle les énergies renouvelables pour le chauffage de l’hôpital. La reconstruction et l’extension de l’incinérateur sont estimées, elles, à 33,7 millions d'euros. Etes-vous sûr de faire un bon « libre choix » ?
PM :
ZDT : Que pensent la population et les usagers de l’hôpital de ce projet de reconstruction de l’incinérateur ?
PM :
ZDT : Voici donc notre position sur ce dernier point : « Le projet d’extension de l’incinérateur n’aura pas d’effets positifs sur la prévention des déchets des ménages et des entreprises. Il ne réduira pas les tonnages de déchets collectés, notamment de plastiques, puisque l’incinérateur en aura besoin pour fonctionner.
En effet, plus les habitants réduisent leurs déchets grâce aux progrès du tri sélectif ou du compostage, plus les incinérateurs doivent dénicher des ordures ailleurs pour être viables… L’incinération va donc à l’encontre des principes fondateurs de la Loi du 17 août 2015 :
- La prévention d’abord car pour survivre, un incinérateur a besoin de déchets, de matière à brûler. La gestion des déchets par l’exutoire actuel (mâchefers confiés à un prestataire pour être utilisés en sous-couche routière) n’est pas une solution viable et marque un certain manque de courage politique.
- Le principe pollueur-payeur ensuite qui appelle à une gestion locale des déchets, au plus près de leur lieu de production.
En invoquant l’argument de la solidarité territoriale à l’échelle départementale pour son projet de futur centre de Tri Mécano-Biologique (TMB), Tours Métropole Val de Loire accentue la déresponsabilisation des autres territoires tourangeaux (comme ceux gérés par le SMICTOM du Chinonais) qui peuvent de ce fait, rester passifs en matière de politique de prévention et de gestion des déchets».
Sébastien Moreau
[1] Voici ce qu’indique son site internet « Le Groupe MERLIN intervient depuis de nombreuses années dans le domaine des déchets, anticipant toutes les nouvelles réglementations, et se place désormais comme le leader pour la conception et le suivi de réalisation des installations de traitement des déchets en France (avec plus de 160 installations en France) ».
[2] Retrouvez l’intégralité des avis des collectivités sur le plan régional de prévention et de gestion des déchets ici.
[3] Économiste, Centre international de recherche sur l’environnement et le développement.