Conférence de Robert Reed à Tours: le compostage collectif, solution d’avenir !
Atelier & conférence – lundi 30 octobre 2017
Objectif Zéro Déchet
San Francisco s’était fixé en 2002 un objectif très ambitieux : zéro déchet non composté ni recyclé. Aujourd’hui, le taux de recyclage et de compostage des déchets de la ville atteint 80 % ! Les habitants trient les déchets en trois catégories : recyclables, compostables, autres. La ville de 871 000 habitants collecte chaque jour 600 tonnes de déchets recyclables et 700 tonnes de compostables. Robert Reed a souligné les diverses conséquences positives engendrées par la démarche, engagée à la fin des années 90. La création d’emplois locaux tout d’abord. Pas moins de 225 emplois ont été créés depuis dix ans à San Francisco pour faire fonctionner le système. La gestion du recyclage nécessite dix fois plus d’emplois que la mise en décharge. La réduction de la pollution et des coûts de traitement ensuite, car l’enfouissement et l’incinération sont loin d’être des solutions satisfaisantes pour la planète, car plus on jette, plus il faut investir pour enfouir loin, transporter les déchets, trouver de nouveaux lieux… Et enfin, l’enrichissement des sols. Le compost est en effet vendu principalement aux exploitations agricoles et viticoles, qui nourrissent ainsi leur sol et ses micro-organismes, et maintiennent les couverts, de plus en plus souvent mis en place au titre de la stratégie des puits de carbone. En effet, il faut savoir que les plantes captent du dioxyde de carbone tout au long de leur vie. Elles jouent donc un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique. Lors de la conférence, deux vidéos sur l’importance du cycle du carbone ont été diffusées et commentées par Robert Reed. « L’humus étant une éponge naturelle, l’application de compost dans les vignobles répond également à la problématique de sécheresse rencontrée en Californie », ajoutait-il.
Possible en France ?
Robert Reed a évoqué la reproductibilité du système, via les leviers économiques existants. Au-delà des bénéfices de la vente du compost, la vente des matières recyclables génère en effet un revenu non négligeable pour une collectivité. Une tonne de carton, qui équivaut à deux balles compactées, se vend 300 € par exemple ; et le papier blanc utilisé pour les imprimantes d’entreprises est très recherché par les usines de recyclage. Selon Robert Reed, les trois types de collecte (compostable, recyclable et autres déchets) représentent des coûts comparables. Mais le compost et les déchets recyclables, générant des revenus, sont moins coûteux pour la collectivité. Un système bien rôdé, envisageable dans toutes les villes, « avec l’implication de tous les acteurs, a-t-il précisé, administrations, élus, associations, entreprises, citoyens ». Avec l’expérience, il a pu constater que les enfants constituent un formidable vecteur de sensibilisation, auprès de leurs parents en premier lieu, en plus des films publicitaires. De nombreuses réunions publiques ont aussi été organisées à San Francisco pour communiquer sur les avantages du système. Par ailleurs, la signalétique pour les consignes de tri doit être très simple, avec des illustrations pour être le plus clair possible.
Le recyclage est déjà bien en place en France, mais la collecte généralisée des déchets composables reste une solution à mettre en place, très efficace et tout à fait réalisable. Rendre à la terre ce qui la nourrit, quoi de plus naturel. A quand l’impulsion politique nécessaire à cette évolution de bon sens ?
Voir la vidéo de la conférence (40 minutes)
Nadine Dumazet, pour Zéro Déchet Touraine
Sur le même sujet, le compte-rendu de la table-ronde du 4 octobre 2017 organisée par Zéro Déchet Touraine.