31/05/2024 - La Nouvelle République : "Le futur incinérateur suscite des inquiétudes"
Tours - Quels sont les avantages à incinérer ? Pascal Hoyau du Collectif Chinonais environnement vient à peine de poser sa question que la réponse tombe déjà. « Aucun », lui rétorque-t-on.
Le projet de nouvel incinérateur à Chinon ne laisse pas indifférent. Réunies autour d’une table, une vingtaine de personnes se sont réunies, mercredi 29 mai, pour débattre autour des enjeux d’une future infrastructure sur le territoire, lors d’un atelier organisé par plusieurs associations et collectifs environnementaux (1).
« Notre objectif : vous donner de la légitimité à poser des questions »
Venu avec un épais dossier, Jean-Claude Stoeckel ouvre le débat. L’incinération est un sujet qu’il connaît bien pour s’être opposé à un projet dans les années 2000 au sein du collectif Arc-en-ciel. Sa position n’a pas bougé : « Un incinérateur, ni ici, ni ailleurs ».
« On nous parle d’élimination des déchets. Un incinérateur, ça n’élimine pas des déchets, ça en crée », souffle Jean-Claude Stoeckel. Il s’inquiète, notamment, des résidus qui ressortent de l’incinérateur, comme le mâchefer, et du danger des dioxines, des polluants organiques résistants, bien que les taux soient en dessous de la norme.
Les effets sur la santé redoutés
Le sujet n’inquiète pas seulement les opposants de longue date aux incinérateurs. Les risques sur la santé sont particulièrement redoutés par plusieurs autres participants à l’atelier. « Des études épidémiologiques ont-elles été faites ? », demande une personne. « La proximité de l’incinérateur (avec l’hôpital de Chinon) m’inquiète », confie un patient de l’hôpital.
Le financement de l’infrastructure suscite aussi des discussions. Un participant regrette un « vrai problème de transparence des coûts ». Un autre s’interroge sur le devenir de l’actuel incinérateur, une fois que son remplaçant aura été construit. « Est-ce qu’il y a eu une analyse financière ? Car il peut y avoir une dépollution à faire de l’ancien incinérateur. »Toutes les interrogations sont laissées en suspend, en l’absence d’autorités.
« Frein à la prévention »
À l’issue des restitutions de ces échanges, les associations ont pris la parole pour exposer leurs points de vue sur le futur incinérateur. « On voit l’incinérateur comme un frein à la prévention », redoute Pascal Belzanne de la Sepant. « On n’est pas contre l’incinérateur mais on veut qu’il y ait le paquet sur la prévention », réclame Hugo Meslard-Hayot au nom de Zéro Déchet Touraine. Pour Audrey Thomas, cofondatrice des Vers de Tours , la priorité est de « sortir les biodéchets de la poubelle ».
Tous ont encouragé les personnes présentes à participer à la grande consultation citoyenne en cours sur la gestion des déchets. « On ne veut pas faire à votre place », a insisté David Violleau, administrateur au sein de Zéro Déchet Touraine. « Notre objectif est de vous donner de la légitimité pour poser des questions. »
Oriane Cuenoud
(1) Le collectif Chinonais environnement, la Sépant, l’association Zéro Déchet Touraine et le réseau Compost citoyen.