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Zéro Déchet Touraine

20/01/2025 - La Nouvelle République : "En Indre-et-Loire, le tri des biodéchets loin d’être généralisé un an après la loi"

En janvier 2024, la loi anti-gaspillage imposait aux collectivités de proposer des solutions aux habitants pour le tri des biodéchets. Un an après, le défi est loin d’être relevé.

Retrouvez l'intégralité de cet article sur le site de La Nouvelle République.

Ça partait comme des petits pains, s’amuse encore un observateur qui préfère rester anonyme. Entre la fin d’année 2023 et le début 2024, il n’était pas rare de voir des files se former devant des piles de planches ou de bacs en plastique : plusieurs milliers de composteurs individuels étaient distribués par les collectivités, jusqu’à la rupture de stock. Il y a un an tout juste, la loi anti-gaspillage imposant le tri des biodéchets à la source entrait en vigueur, sommant les collectivités de trouver des solutions. Déployés en masse, les composteurs individuels, et quelques centaines de composteurs collectifs, ont lancé une dynamique. Mais ils sont loin d’avoir permis d’absorber les dizaines de milliers de tonnes de biodéchets produits chaque année dans le département.

« On est au milieu du guet »

Selon un état des lieux de l’Ademe Centre-Val de Loire arrêté en octobre 2024, la population régionale ayant accès à une solution de tri à la source des biodéchets est seulement de 22 %, avec des écarts selon les territoires : en Indre-et-Loire, seule la Communauté de communes Gâtine-Racan atteint un taux de couverture de plus la moitié de ses habitants, le Smictom du Chinonais oscille entre 30 et 50 %, et le reste du département reste sous le taux de 30 % de sa population. Dans les zones les plus densément peuplées, a fortiori en habitat collectif, les objectifs de « généralisation » du tri prévu par la loi sont loin d’être atteints. « On est au milieu du guet », constate Luc Favia, vice-président chargé des déchets de la Communauté de communes du Val d’Amboise.

À Tours Métropole Val de Loire, l’installation de 213 sites de compostages partagés ne bénéficie, à raison de 20 utilisateurs maximum par site, qu’à à peine 1,4 % de la population de la Métropole, a calculé l’association ZéroDéchetTouraine, l’un des prestataires qui accompagne ce déploiement. Les près de 300 tonnes de biodéchets ainsi collectées et valorisées chaque année sont loin des « 10.000 tonnes de biodéchets à aller chercher », convient Martin Cohen, vice-président délégué aux déchets à la Métropole et président de Touraine propre.

Pour compléter son arsenal, la Métropole va donc déployer, à compter de septembre 2025, une collecte s’appuyant sur 500 points d’apport volontaire. « Les biodéchets collectés seront déconditionnés et hygiénisés pour préparer ce qu’on appelle “ une soupe ”, qui sera envoyée vers un des méthaniseurs du département », explique Martin Cohen.

Des solutions complémentaires

Ces solutions « mixtes », combinant compostage localisé et collecte, ont été choisies par seulement 35 % des territoires en Centre-Val de Loire a recensé l’Ademe, quand 47 % estiment le compostage suffisant. C’est le cas des trois territoires de l’ouest du département, quand ceux de l’est, à l’instar de Loches Sud Touraine, ont complété leur dispositif avec des points d’apport volontaires. Ainsi, tout en encourageant le compostage individuel « pour les habitants avec un jardin de plus de 100 m 2 » , la communauté de communes propose des solutions « complémentaires » à ceux qui ne disposent pas d’un extérieur, ou trop petit pour y installer un composteur individuel.

« Nous défendons l’idée de complémentarité des solutions », appuie Sébastien Moreau, secrétaire adjoint de l’association ZéroDéchetTouraine. Car si la collecte peut offrir une solution de tri à une plus large part de la population, les points de compostages collectifs ont eux une dimension pédagogique et de lien social. L’association s’est d’ailleurs positionnée pour mener des actions de sensibilisation auprès des ménages dans le cadre de la mise en place de la collecte des biodéchets dans la métropole. « Les biodéchets, ce n’est pas n’importe quel déchet, argumente Sébastien Moreau. C’est du vivant, qui permet de prendre soin du vivant. »

Mariella Esvant


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