12/04/2019 - La Nouvelle République : "Elle part en croisade contre les haies en plastique"
Revue de presse – vendredi 12 avril 2019
Anne Pagé habite une maison qui ne manque pas de caractère dans le bourg d’Azay-sur-Cher. Depuis plus de vingt ans, cette écolo de la première heure y cultive un potager bio et quelques autres plaisirs simples. « Je ne suis pas vraiment une militante, mais je suis proche de la nature et j’essaie d’agir au quotidien », indique cette quinquagénaire qui prend soin de trier tous ses déchets et de prendre le bus pour réduire son empreinte carbone.
Le ministère de l’Écologie saisi
Dans ces conditions, on imagine son émoi lorsque ses nouveaux voisins ont taillé le rideau de chèvrefeuille qui séparait les deux propriétés pour le remplacer par une haie de thuyas en PVC de couleur verte pétante. Selon elle, son agacement en serait sans doute resté là si la fausse haie en question n’avait pas commencé à perdre une partie de son feuillage artificiel quelques mois plus tard.
Depuis, Anne Pagé s’escrime à ramasser toutes les brindilles en plastique qui se déposent au moindre coup de vent dans son jardin. « Si je ne le fais pas, ces résidus non biodégradables s’enfoncent dans la terre avec les pluies », explique-t-elle.
Faute de trouver un terrain d’entente avec ses voisins, l’habitante d’Azay-sur-Cher a saisi la mairie qui a elle-même fait appel à un médiateur. Sans succès. « Nous ne négligeons pas la situation mais nous sommes devant un problème d’ordre privé », constate le premier magistrat, Janick Alary en évoquant principalement une querelle de voisinage.
Tenace et déterminée, Anne Pagé ne l’entend pas de cette oreille. A l’heure où la société commence à prendre conscience des nuisances des plastiques dans la nature, la sympathisante écolo veut faire de son cas personnel un combat exemplaire pour la collectivité. La semaine dernière, elle a fait venir chez elle un huissier qui a dressé les constats nécessaires pour une procédure judiciaire. Dans le même temps, elle a saisi le ministère de la Transition écologique et les députés.
« Il ne s’agit pas d’une querelle de voisinage. Dans chaque commune, il existe des règlements et des plans locaux d’urbanisme. A terme, il faut interdire toutes ces clôtures et brise vues en plastique qui sont source de pollution », insiste-t-elle, sûre de son bon droit et de la légitimité de sa démarche.
Anne Pagé cite l’exemple d’Olivet dans le Loiret. Dans cette commune de la banlieue d’Orléans, les haies artificielles sont formellement interdites depuis 2016. Dans son règlement d’urbanisme, la mairie précise que « les haies naturelles apportent une vraie plus-value écologique en favorisant la biodiversité et la régulation hydraulique ».