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Zéro Déchet Touraine

Soutien aux militants d’ANV-COP21

Rassemblement devant la mairie de Tours le 7 septembre 2019

Ils s’appellent Franzeska, Samuel et Vincent. Le 13 septembre prochain, ils comparaitront au tribunal d’Orléans pour avoir décroché le portrait d’un président complice du pire sur la question climatique. Pour les soutenir dans leur lutte, nous avons participé à un rassemblement à Tours ce samedi 7 septembre 2019.

Le 13 septembre 2019 s’ouvrira à Orléans un double procès. Celui de trois jeunes militants d’ANV-COP21 (Action non violente COP21), un mouvement citoyen qui agit pour relever le défi climatique, et celui de « l’inaction climatique et sociale », selon les termes du mouvement. Les trois activistes sont accusés d’avoir décroché le portrait du président Macron qui trônait dans la mairie de Saint-Jean-de-la-Ruelle, le 2 mars dernier. En retour, ceux-ci accusent le chef de l’exécutif de ne pas mener « une politique ambitieuse à la hauteur de l'urgence climatique et sociale et en accord avec les engagements pris lors de la COP 21 », selon l’article que leur a consacré France 3 Centre Val de Loire. Le portrait est sain et sauf. Il a même eu le droit à quelques vacances en pays basque.

Je ne renverrai pas dos à dos les défenseurs de l’environnement et les magistrats orléanais gardiens des symboles de la République. Mon choix est fait. Oui, il est, selon moi, légitime de sortir symboliquement le « Champion de la Terre » lorsque son bilan peine à le hisser à la hauteur de ses belles paroles : abandon de l'échéance de 2025 pour réduire à 50% la part de l'électricité d'origine nucléaire, dépassement récurrent du budget carbone de la France, fermeture de lignes de fret alimentaire, adoption de la Loi PACTE et signature du CETA réaffirmant le soutien indéfectible de l’état français à l’illusion mortifère d’une croissance infinie, refus d’accorder aux lanceurs d’alerte une protection importante et en contrepoint cynique, adoption de la Loi sur le secret des affaires… Non, il n’y a pas de place pour un hypocrite « en même temps » lorsque tous les indicateurs écologiques sont dans le rouge.

Sur le plan politique et social, ce n’est guère mieux. La France aborde cette rentrée 2019 plus divisée que jamais. La mascarade du grand débat (auquel nous avons participé sans aucune illusion) et sa surmédiatisation, n’ont débouché sur aucune annonce majeure en matière d’environnement ni aucune volonté de changer de paradigme économique. Seul enseignement de cette séquence de propagande, les français auraient plébiscité une réforme institutionnelle secondaire, qui était déjà dans les cartons du candidat Macron. Risible. Dans le même temps, l’appel à signatures pour le référendum d’initiative populaire (RIP) concernant la privatisation d’ADP est bâillonné par le pouvoir et invisibilisée par les grands médias. Il est pourtant vital que chacun soutienne cette Proposition de loi visant à affirmer le caractère de service public national de l'exploitation des aérodromes de Paris. En effet, cette privatisation nous empêcherait de réguler un nœud stratégique du transport aérien français en même temps qu’elle offrirait sur un plateau au secteur privé une infrastructure rentable largement financée par des fonds publics. Le secteur aérien étant responsable d’environ 2% des émissions de gaz à effet de serre et générant de nombreux déchets, ne pas le réguler reviendrait à se priver d’une marge de manœuvre non négligeable en matière d’atténuation du changement climatique.

M. Macron n’est pas digne du mur de nos maisons communes, c’est un président avec un petit p. Depuis son élection, il n’a eu de cesse de se comporter en petit ploutocrate autoritaire, alors que son mandat lui intimait d’être au service de la cohésion de la nation et de l’intérêt général. Déjà, dans une interview accordée au Wall Street Journal le 8 mars 2015, Emmanuel Macron déclarait au sujet de son précédent travail d’employé de banque : « Vous êtes un genre de prostitué. Le job c’est séduire ». Les salariés du secteur bancaire apprécieront… L’ex-prostitué autoproclamé a-t-il jamais cessé de se coucher devant les grandes fortunes, au détriment de notre environnement ? Comment ne pas s’interroger devant l’incompréhensible suppression de l’impôt sur la fortune immobilière et le maintien de coûteux avantages fiscaux pour les grandes entreprises quand tant de moyens seraient nécessaires pour mettre en œuvre la transition énergétique et résorber les inégalités sociales? Comment de pas voir dans le démantèlement de la direction générale des finances publiques une décision politique favorable aux grands fraudeurs que sont les grands pollueurs ? Il n’y a, par ailleurs, aucune cohérence à ratifier le CETA et à dénoncer le MERCOSUR. Ces deux traités enterreront de manière identique les singulières réticences françaises à sacrifier l’environnement au nom du libre-échangisme. Ils livreront notre parlement au joug des tribunaux d’arbitrage et à la justice borgne des multinationales. Ils intensifieront la mondialisation des échanges commerciaux, sources de pollution, de surexploitation des ressources naturelles et d’aliénation, à l’heure où la réduction de notre dette à l’égard de la planète nous commande l’impérieuse nécessité de réduire et de relocaliser notre consommation.

Enfin, que dire du soin particulier qu’Emmanuel Macron met à réprimer toute opposition et à nier aux victimes de sa politique la reconnaissance de leur statut d’êtres brisés ? Lui, que ses communicants et thuriféraires médiatiques mainstream présentent comme « un homme changé », parce qu’il a goûté aux joies d’une Margherita cet été, en bord de mer, persiste à déclarer qu’aucune « violence irréparable » n’a été commise durant la gestion du mouvement des gilets jaunes. On se souviendra longtemps qu'il intimait à une contradictrice le 7 mars dernier : « Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un Etat de droit ». Il n’y a rien d’inacceptable, M. Macron, à évoquer ce sujet qui concerne des milliers de victimes et la France est sortie du club des donneurs de leçons lorsque l’ONU et le Conseil de l’Europe se sont émus de l’usage disproportionné de la force à l’égard des manifestants.

Des gilets jaunes, des militants écologistes, pacifistes, féministes, altermondialistes, des militants des droits de l'homme ou de partis d'opposition, des syndicalistes, des habitants de quartiers populaires ou de zones rurales, des journalistes indépendants, des secouristes ont subi cette année des amalgames politiques haineux, l’ostracisation et les caricatures médiatiques et en point d’orgue les violences de certains policiers, un déni officiel de leurs souffrances et un acharnement judiciaire.

C’est pour avoir réclamé un rapide changement de cap politique, justifié par l’urgence climatique et sociale que les trois militants d’ANV-COP21 seront poursuivis le 13 septembre 2019. Et c’est pour leur apporter notre soutien que nous nous sommes rassemblés pacifiquement avec quelques militants écologistes et gilets jaunes devant la mairie de Tours ce matin. Nous n’étions pas nombreux, mais nous étions là et nous reviendrons autant de fois que cela sera nécessaire jusqu’à ce que M. Macron comprenne qu’un autre chemin est non seulement possible mais nécessaire.

Qu’il vienne nous chercher. On lui dira quoi faire.

Sébastien Moreau

Plus d'infos: Compte Twitter ANV-COP21 Orléans


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