Menu
Zéro Déchet Touraine

19/10/2020 - Les Echos Start « Après dix ans dans le marketing, j'ai lancé mon épicerie itinérante zéro déchet à la campagne »

Revue de presse – dimanche 3 janvier 2021

Clémentine, 36 ans, a créé son épicerie bio zéro déchet itinérante en Touraine, après avoir passé dix ans chez Red Bull. ((DR))

Clémentine, 36 ans, a travaillé pendant dix ans chez Red Bull, à Paris et en Autriche. Il y a un an, elle a changé de voie et a lancé son épicerie itinérante zéro déchet de produits bio et locaux, en Touraine. Si la jeune femme est heureuse de ce projet, le quotidien d'auto-entrepreneuse n'est pas tout rose. Elle raconte.

Retrouvez l'article original sur le site de Les Echos Start.

« Après avoir obtenu mon Bac S, j'ai fait une école d'ingénieurs à l'Université de technologie de Compiègne, en me spécialisant en design et management de l'innovation. Je savais que les postes qui étaient accessibles avec ce cursus n'étaient pas ceux dans lesquels j'allais m'épanouir mais cette formation d'ingénieure rassurait mes parents. Pour être plus en phase avec des postes qui m'intéressaient, j'ai choisi d'intégrer un master à HEC Paris, en management de projets. Car malheureusement en France, il faut entrer dans des cases et avoir un nom de grande école aide au recrutement pour s'ouvrir un maximum de portes...

J'ai fait mes débuts chez Red Bull en tant que trade marketing manager. Au bout de cinq ans à Paris, je suis partie travailler au siège de l'entreprise, près de Salzbourg, en Autriche. La qualité de vie était super, j'étais entourée de collègues du monde entier et très épanouie.

Après cinq ans là-bas, mon mari, qui m'avait suivie, m'a dit qu'il souhaitait retourner en France et qu'il avait une offre d'emploi à Loches (Indre-et-Loire), dans l'aéronautique. Ma première réaction a été: « Je ne sais même pas où ça se trouve sur une carte!». Puis, j'ai passé un week-end dans cette ville de 6.000 habitants que j'ai trouvée très agréable, belle et à taille humaine. Nous avons décidé d'y déménager en 2018 avec nos deux petites filles.

Redynamiser les petits villages

J'ai quitté Red Bull avec grand regret. J'adorais ce que je faisais et je savais que ce serait compliqué de retrouver un travail en Touraine avec le salaire et les responsabilités que j'avais. Je me suis donc dit que c'était à moi de créer quelque chose qui m'intéressait.Dans ma vie perso, je m'intéressais au mouvement zéro déchet. Acheter quelque chose au supermarché et mettre la moitié du packaging à la poubelle en arrivant chez soi, je trouve ça aberrant. À Loches, il n'y avait pas d'offres pour acheter en vrac. L'idée d'une épicerie bio itinérante zéro déchet a fait son chemin. Ce serait l'occasion de redynamiser les petits villages qui n'ont pas la chance d'avoir des commerces de proximité, de travailler avec des producteurs locaux et surtout, d'être au contact quotidien des clients.

À lire aussi: Ils ont fait de la chasse aux déchets leur business

Je me suis lancée dans une formation en ligne de deux mois pour faire un bilan de compétences. Puis, j'ai suivi une formation de 245 heures à la Chambre des métiers et de l'artisanat d'Indre-et-Loire, qui m'a permis de mettre le pied à l'étrier. Mon mari m'a aménagé une camionnette et créé un site internet de vente en ligne et j'ai lancé mon entreprise Mini ma liste le 1er décembre 2019.

Depuis, je vends en vrac des produits alimentaires bio mais aussi des produits cosmétiques et des produits d'entretien. Je vais sur les marchés de Tours, d'Amboise et de Loches, dans des Amap (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) et je fais de la livraison à domicile. Je travaille du mardi au dimanche, 75 heures par semaine. Pendant le confinement, je passais à domicile livrer quarante personnes dans la semaine, mais ça n'a pas duré... Depuis, c'est seulement deux ou trois personnes par semaine.

Malheureusement, le projet n'est pas toujours rentable. Peut-être que je me suis lancée un peu trop tôt ou que les clients ne sont pas encore habitués à acheter des produits d'épicerie sur les marchés... Une chose est sûre: je crois au projet et je suis sûre que les mentalités vont évoluer.

Pour toucher une plus large clientèle, en plus de mon camion, j'ouvre en novembre une boutique zéro déchet dans la gare de Loches. La SNCF a lancé récemment un appel à projets pour redynamiser ses gares en région, et j'ai été sélectionnée pour occuper un local de 30m2.

« Une activité en accord avec mes valeurs »

En tant qu'entrepreneuse, je me rends compte à quel point être salariée était confortable. Désormais, j'ai beaucoup plus de pression et je ne m'arrête jamais. Mais je suis heureuse de me dire que je construis chaque jour mon entreprise, que je peux être créative et toucher à tout: la finance, le marketing, l'administratif, la com'... Savoir qu'en plus je peux créer de l'emploi est magique!

Je gagnais très bien ma vie avant. Aujourd'hui, je me nourris d'autres choses: des rapports humains, de cette qualité de vie qu'on trouve en province... Mon activité professionnelle est en accord avec les valeurs que l'on a dans ma famille. J'ai de la chance d'être épaulée par ma famille et mes amis, que je ne remercierai jamais assez. Ce qui me manque, c'est du temps libre pour partager plus de moments avec eux. Mais je suis sûre que je trouverai le bon équilibre dans quelques mois! »

Propos recueillis par Chloé Marriault


« 20/09/2020 - Centre presse "Pionniers d'hier à demain : En vert et contre tout" - 28/09/2020 - La Nouvelle République: "Un composteur partagé au Planitas" »